Il était une fois ... MARCO
Je m'en vais vous raconter une chtiote histoire
belge.
Il était une fois ... moi, qui se croyant
invincible à jouer à : " Ça va aller, Ça va passer !".
Pourquoi une histoire belge, parce qu'elle est
assez ironiquement cocasse et surtout parce qu'elle se passe en Belgique. Donc,
une belle journée de VTT commence, au bout de 10km arrive la côte ... de
Godinne, montant aux Urgences du CHU. Superbe panorama sur la vallée de la
Meuse. Je retrouverais cette magnifique vue, 4 jours plus tard dans le bureau
de la cardiologue qui me fera un ECG de sortie (spoil !).
Et donc, la côte de Godinne, petite pause et photo
souvenir. On repart tranquillou sur un faux plat. Mes 2 compères sont devant,
et moi un peu à la traine. Mais bon ... ça va aller !
Je marche pour souffler un peu. Bizarre ... ce
faux plat n'est pourtant pas bien difficile. Je me fais doubler par plusieurs
équipes. Quelques encouragements. Je réponds par une pirouette, qui rétrospectivement
s'avérera le premier déni : "J'ai un point de côté, ça va passer !".
Ce point de côté ... n'est pas sur le côté mais bien sous le sternum. Et c'est
bizarre, la journée se passe bien, mais un truc m'angoisse, m'oppresse. Je
m'allonge un peu pour reprendre mon souffle.
Je repars à pied, quelques mètres. Il faut tout de
même que je rejoigne mes co-équipiers. Je prendrais une pause ... barres et ça
repartira, comme dans la pub ! J'arrive enfin en haut de ce p.... de faux plat.
La barre de la télé, je n'arrive pas à l'avaler. Mais ça redescend, alors on
continue. Ça va passer !
Vous vous souvenez, ... le CHU est derrière moi à quelques kms en descente. Et
je continue de m'éloigner. Le chemin devient boueux. L'angoisse remonte, on va
devoir nettoyer les vélos ; 1 mois après, le vélo est toujours plein de
boue ... séchée ! Vous sentez monter la tension de la narration.
Quelques mètres à pied me mettent à plat. Je
commence à envisager de jeter l'éponge. Dommage, les conditions étaient bonnes.
Je demande à Bruno d'appeler la voiture d'assistance, juste pour reprendre mon
souffle. A la voiture, je m'allonge un peu. Je ne suis pas le premier à faire
un petit malaise. Vomissement. Ça doit être un truc qui ne passe pas !
Deuxième dénis, un peu plus stupide et ignorant : ce symptôme est
caractéristique.
C'est bon, c'est décidé, je laisse mes
co-équipiers tranquilles. Je rentrerais avec la voiture d'assistance, et après
une bonne nuit ça va passer. Direction le prochain ravito pour me poser
un peu. Et je m'éloigne de Godinne ... là où il y a le CHU.
Arrivée au ravito, le "point de côté du
milieu" ne veut pas s'en aller. Je croise le regard de Bébert. Un regard
amical, inquiet et réprobateur; en d'autres termes : "déconnes pas Marco
!". Cela me vaudra, juste, une bouteille de champagne. Prix bien
raisonnable vous en conviendrez.
Enfin, la raison gagne sur la fierté. Je demande à
Olivier de me conduire à l'hôpital. Sur ce trajet de 15 minutes, toujours cette
oppression. Mais maintenant, il y a en plus un sentiment jamais ressenti : la
peur, la frousse, le doute, la vraie angoisse ... simplement de mourir.
Le doute, je l'ai toujours quand j'attends aux
urgences. La prise en charge administrative me parait interminable. Pourtant,
avec le recul, quelques minutes seulement. Je suis encore en cuissard, en
chaussure de VTT. Au bout des quelques minutes, une infirmière vient me
chercher en fauteuil. Ca y est, la machine à sauver des vies est déclenchée.
ECG (Electrocardiogramme).
Je vois encore l'infirmière arracher les ventouses, en prenant son téléphone
dans le même geste. Et des renforts arrivent. Cette même sensation d'accélération,
je l'avais vécu lors de la naissance de notre premier garçon. La salle de
naissance s'était transformé en 30 secondes en salle d'intervention vitale.
Revenons à nos moutons.
Appel au cardiologue d'astreinte. Quelques minutes, très, très longues. Le
doute s'est dissipé. Un autre sentiment a pris le relais : l'abandon et le lâcher
prise. La porte de l'avion est ouverte, et il faut sauter. En fait, on m'a
poussé un peu. J'ai un parachute, tout va bien aller.
Petit tour de manège dans les couloirs, en lit
motorisé. Ca y est. On rentre dans la salle avec les grosses machines partout.
Comme dans les nombreuses séries qui se passent dans les hôpitaux. Les sourires
des infirmières agissent comme des calmants. On se laisse guider par leur voix
encourageante et rassurante. Rasage du poignet, mais aussi de l'aine au cas où.
Au revoir la pudeur. Position inconfortable, bras le long du corps, poignet
vers l'extérieur. Vive les progrès médicaux. Un si petit trou pour aller toucher
le cœur.
Le film à la télé est sans suspens : c'est bouché.
Si il existait encore un doute, il est balayé par l'infirmière :
"Monsieur, vous avez bien fait de venir" … je vous en prie, appelez-moi
"Marco", Mademoiselle !
Et là, le grand manège à sensation type grand
huit. Le truc qui vous retourne le cœur.
"On va déboucher, vous aller sentir un mieux ... puis ... on vous laisse
apprécier le moment".
Redémarrage de 0 à 100km en quelques secondes. Attention les secousses.
La suite de l'histoire, c'est la prise de
conscience de l'évènement. La sensation
d'être un enfant ou un vieillard, materné, assisté, branché de partout. Puis,
au bout de quelques jours, chaque fil enlevé est comme une épine que l'on
retire. Premier pas dans le couloir avec la jolie Kiné. Juste un aller et
retour. Des messages amicaux font du bien, merci encore.
Je vous raconte cette histoire pour vous
sensibiliser, pour que cette mésaventure puisse servir.
De façon générale, ne soyons pas stupides en
reculant, en ignorant l'urgence. Personne n'est mort d'avoir été aux urgences
"inutilement".
Concernant plus précisément l'infarctus, ne
sous-estimez pas les symptômes. Je n'ai pas eu mal au bras, ni au cou. Juste
une oppression sous le sternum. Le vomissement est un des symptômes qui doit
alerter. La sensation de "plus de moteur" est assez fourbe. Au-delà
de quelques minutes, inquiétez-vous.
Et je finirais par quelques appels au bon sens :
·
ayez votre carte européenne de santé quand vous
mettez les pieds à l'étranger (en Europe à priori).
·
allez consulter un cardiologue, en prévention.
·
sans être hypocondriaque, une analyse de sang par
an ... ça ne mange pas de pain
Le CHU de Godinne est derrière le photographe …
La preuve …
Cela vaut bien une bouteille de Champagne
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